- superstitieux
-
• 1375; lat. superstitiosus, de superstitio1 ♦ Qui a de la superstition (1o). Croyants superstitieux.♢ Cour. Qui voit des signes favorables ou néfastes dans certains faits. « elle était follement superstitieuse, elle voyait des signes partout; à table, les couteaux, les fourchettes en croix, le nombre des convives, la salière renversée » (R. Rolland). — N. (1589) Un superstitieux.2 ♦ Où entre de la superstition. Pratiques superstitieuses.superstitieux, euseadj. et n.d1./d Où il entre de la superstition. Un culte superstitieux.d2./d Qui montre de la superstition, qui est attaché à des superstitions. Il est très superstitieux.|| Subst. Un superstitieux, une superstitieuse.⇒SUPERSTITIEUX, -EUSE, adj. et subst.(Personne) qui fait preuve de superstition.A. — (Personne) qui a des croyances religieuses irrationnelles. Peuple, siècle superstitieux. Théophraste peignant le caractere du superstitieux, nous le représente tel que nos dévots scrupuleux, qui vont souvent à confesse (DUPUIS, Orig. cultes, 1796, p. 561). Les madones, les saints des pays superstitieux, les idoles richement ornées et pompeusement servies des peuples de l'Orient (SAY, Écon. pol., 1832, p. 122).— Empl. adj. [P. méton.] Qui est le fait d'une telle personne, qui lui est propre. Les Indiens ont un respect superstitieux pour les eaux du fleuve du Gange; ils croient à sa divinité, comme les Égyptiens à celle du Nil (DUPUIS, Orig. cultes, 1796, p. 25). Aux IIe et IIIe siècles, l'Église se serait appro-prié, en les modifiant un peu, les usages superstitieux des mystères païens, afin de se concilier plus facilement les esprits du monde gréco-romain (Théol. cath. t. 14, 1 1939, p. 562).B. — (Personne) qui a des croyances irrationnelles, qui voit des augures favorables ou défavorables, dans certains signes, choses ou événements. Joueur superstitieux. Chaque soir, l'essaim poudreux [de hiboux] s'envolait en piaulant et en poussant des clameurs qui eussent ému les superstitieux (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 9). Les passagers sont gens superstitieux au point qu'à bord de maints navires le 13 est numéroté 12 bis (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 42).— Empl. adj. [P. méton.] Qui est le fait d'une telle personne, qui lui est propre. J'ai gardé une terreur imbécile et superstitieuse des salons où je puis rencontrer des témoins, des complices de mon malheur passé (COLETTE, Vagab., 1910, p. 54).C. — (Personne) qui fait preuve d'un attachement excessif, qui porte un soin trop méticuleux à quelque chose. Synon. fétichiste, scrupuleux. Il est si exact, si ponctuel sur toutes choses, qu'il en est presque superstitieux (Ac. 1835, 1878). Partisan superstitieux de la règle des trois unités (DG).— Empl. adj. [P. méton.] Qui est le fait d'une telle personne, qui lui est propre. Joseph (...) essaye de cacher son respect superstitieux des choses intellectuelles; mais il est quand même très fier des connaissances et des diplômes de sa femme (DUHAMEL, Maîtres, 1937, p. 49).Prononc. et Orth.:[
], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1375 [éd. 1486] « (d'une personne) qui s'adonne à des pratiques religieuses non orthodoxes » (RAOUL DE PRESLES, Cité de Dieu, IV, 30 ds GDF. Compl.: Ceux qui sacrifioient afin que leurs enfants demourassent en vie apres eulz estoient appellez supersticieulz); 1431 (LOTTIN, Recherches sur Orléans, t. 1, p. 274: Jehanne qui se fait nommer la Pucelle [...] superstitieuse, blasphemeresse de Dieu); b) 1549 superstitieuses raisons « raisons mal fondées » (DU BELLAY, Deffence et Illustration, éd. H. Chamard, p. 80); 2. 1690 (FUR.: l'Astrologie Judiciaire, la Geomance, la Chiromance, les Talismans, sont des sciences, des observations fort superstitieuses et fort vaines, aussi bien que l'explication des songes). Empr. au lat. superstitiosus « qui se trouve dans un état d'exaltation religieuse », d'où « plein de crédulité ou de crainte irrationnelle et religieuse » et p. ext. « scrupuleusement attaché aux règles ». Fréq. abs. littér.:496. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 1 021, b) 595; XXe s.: a) 812, b) 429.
DÉR. Superstitieusement, adv. D'une manière superstitieuse. a) [Corresp. à supra A] Quelques éclairs illuminaient l'horizon, et un tonnerre lointain roulait dans les profondeurs du ciel (...). Les sauvages sont superstitieusement affectés par ces grands phénomènes de la nature. Les Néo-Zélandais tiennent le tonnerre pour la voix irritée de leur Nouï-Atoua et l'éclair n'est que la fulguration courroucée de ses yeux (VERNE, Enf. cap. Grant, t. 3, 1868, p. 172). b) [Corresp. à supra B] Cette fois (...), elle était sûre, sûre, qu'Antoine viendrait (...). Et, au moment où elle tournait la clef dans la serrure, elle sentit qu'il était là. Sa certitude fut telle, qu'elle sourit superstitieusement (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 584). c) [Corresp. à supra C] La rhétorique du jésuite de Colonia (...) est exclusivement technique et pratique, d'ailleurs superstitieusement fidèle à la tradition aristotélicienne (BREMOND, Hist. sent. relig., t. 3, 1921, p. 196). — []. Att. ds Ac. dep. 1694. — 1re attest. 1516 (Mir. histor. de France, f° 18 r° ds GDF. Compl.: Supersticieusement aouré Jupiter); de superstitieux, suff. -ment2. — Fréq. abs. littér.: 12.
superstitieux, euse [sypɛʀstisjø, øz] adj. et n.ÉTYM. 1375; lat. superstitiosus, de superstitio. → Superstition.❖1 Qui a de la superstition. a (Superstition au sens 1). || « C'est être superstitieux, de mettre son espérance dans les formalités » (cit. 3, Pascal); → aussi Apparition, cit. 11; purifier, cit. 9. || Croyants superstitieux. — Par ext. || Les siècles superstitieux (→ Nouveau, cit. 3).1 Beaucoup d'hommes extraordinaires ont cru aux présages, aux songes, aux moyens secrets des forces invisibles; beaucoup d'hommes extraordinaires ont donc été superstitieux; je le veux bien, mais du moins ce ne fut pas à la manière des petits esprits.É. de Senancour, Oberman, LXIV.b (Superstition au sens 2). Cour. Qui voit des signes favorables ou néfastes dans certains faits.2 (…) elle était follement superstitieuse, elle voyait des signes partout; à table, les couteaux, les fourchettes en croix, le nombre des convives, la salière renversée; c'étaient alors toute une suite de rites, qu'il fallait accomplir pour écarter le malheur.R. Rolland, Jean-Christophe, L'adolescent, III, p. 333.3 Cet homme, d'un esprit critique si mordant est superstitieux (…) Il ne veut pas allumer sa cigarette en troisième à la même flamme.G. Duhamel, Chronique des Pasquier, VI, XII (→ Amulette, cit. 3).4 Non, je ne suis pas superstitieux; mais je recherche volontiers ce qui passe pour néfaste (…) Ainsi ne manqué-je jamais l'occasion de passer sous une échelle, de voyager un vendredi, ou de prendre appui sur un treize.Gide, Journal, 9 févr. 1943.♦ N. (1589). || Un superstitieux, une superstitieuse.2 (Fin XIVe). Où entre la superstition.a (Superstition au sens 1). || Une loi superstitieuse (→ Multiplication, cit. 4). || Idée qui, de superstitieuse, devient religieuse (→ Ensorcellement, cit. 1).b (Superstition au sens 2). || Pratiques superstitieuses. || Crainte superstitieuse (→ Prévenir, cit. 6).❖DÉR. Superstitieusement.
Encyclopédie Universelle. 2012.